Feu d’artifice de comédies ‘à la française’ cet automne, et parmi elles, le très attendu « Grand Bain » de Gilles Lellouche, qui pour sa première réalisation a réuni un casting d’enfer – et hop ! tout le monde en maillot de bain et on se jette à l’eau pour l’un des films les plus désopilants du moment, mais pas que…
L’histoire
Il y a Bertrand (Amalric), le chômeur dépressif, Laurent (Canet), le père incapable de communiquer avec son fils, Marcus (Poelvoorde), le chef d’entreprise à la dérive, et puis Simon (Anglade) le rockeur raté qui travaille en cuisine, Thierry (Katerine) le surveillant de la piscine, et puis les autres, tous bedonnants, amochés, déçus, piétinés, ratatinés…c’est le grand blues des 40-50 ans qui auraient rêvé d’autre chose, et faute de mieux se retrouvent dans une piscine avec l’ambition saugrenue de devenir champions du monde de natation synchronisée masculine.
Et je vous laisse découvrir les tenants et les aboutissants, rien ne sert de…divulgâcher !
Pourquoi le voir
On rit beaucoup pendant ce film, les dialogues sont incisifs, les personnages bien campés, et le scénario réserve quelques surprises. L’échauffement est un peu longuet, car on passe plusieurs fois d’un personnage à l’autre (et ils sont nombreux) pour comprendre leur cheminement jusqu’au grand bain. Les comédiens sont tous excellents, j’ai vraiment adoré Jean-Hugues Anglade en rockeur déglingué; en revanche j’ai trouvé les interprétations de Virginie Efira et Leïla Bekhti un peu trop caricaturales. La grande force du film est de nous faire passer du fou-rire à l’émotion en quelques secondes, car tous ces anti-héros sont profondément attachants. Au passage, on assiste à l’effondrement des structures familiales et à l’enterrement des ambitions professionnelles; il est question de résilience, de solidarité, d’empathie – autant de sujets sensibles, qui ne manqueront pas de toucher la génération X (celle qui est coincée entre les fortunés baby boomers et les connectés Y nés avec Internet).
Poursuivre la déambulation
Voici deux autres comédies françaises récentes que j’ai un peu moins aimées, mais qui sont tout de même très réussies, avec une ribambelle d’acteurs talentueux, et qui mêlent à parts égales humour et émotion : tout d’abord ‘Le jeu’ de Fred Cavayé, un dîner entre amis durant lequel on décide de partager tout ce qui arrive sur les mobiles – chacun ayant évidemment ses petits secrets, les révélations successives bousculent l’ordre établi entre les convives ; et puis ‘En liberté’ de Pierre Salvadori où une jeune femme veuve d’un flic ‘mort en héros’ découvre qu’il n’était en fait qu’un ripou et décide d’aider coûte que coûte l’innocent emprisonné à sa place. Autre point commun entre ces deux films sortis à 2 semaines d’intervalle : le retour en force de Vincent Elbaz !
Extrait