L’exposition « Les Impressionnistes à Londres » se déroule au Petit Palais jusqu’au 14 octobre. Contrairement à ce que pourrait laisser entendre son titre, elle n’est pas centrée uniquement sur les impressionnistes, et couvre une période d’environ trente ans, entre 1870 et 1904, durant laquelle, pour des raisons diverses, des artistes français ont résidé dans la capitale anglaise : exilés, confrontés à une société et à des codes différents, ils ont, chacun à leur manière, exprimé leur expérience au travers de leurs œuvres.
L’histoire
Dans les années 1870, le siège de Paris, suivi des évènements sanglants de la Commune, ont poussé de nombreux artistes à émigrer à Londres. Là, ils ne tardent pas à former une petite communauté, qui s’entraide et qui, avec l’aide du peintre Alphonse Legros et du marchand d’art Paul Durand-Ruel, parvient à toucher une riche clientèle anglaise. Le peintre James Tissot et le sculpteur Jules Dalou rencontrent un certain succès avec des œuvres de facture assez classique. Les impressionnistes, notamment Pissaro et Sisley, trouvent leur inspiration dans les reflets changeants de la Tamise, et ouvrent la voie à Monet, qui en 1903 peint la célébrissime série du ‘Parlement’. Enfin Derain surgit et impose une vision différente, vibrante de couleurs – le fauvisme vient bousculer l’impressionnisme.
Pourquoi le voir
J’ai été frappée par la grande diversité des œuvres présentées, qui témoigne de l’extraordinaire bouleversement des styles sur une période assez courte. Même si les Impressionnistes sont au cœur de l’exposition (les cinq tableaux du ‘Parlement’ de Monet en constituant l’apothéose), il est intéressant de découvrir d’autres artistes moins connus, comme Tissot par exemple, et de comprendre les liens de solidarité qui ont uni tous ces exilés. L’exercice de comparaison, inhérent à ce format d’exposition, n’est cependant pas toujours favorable aux moins doués : les sculptures de Carpeaux font vite oublier celles de Dalou, et les quelques tableaux de Whistler, les œuvres sans intérêt d’Alphonse Legros. Le parcours de visite est donc un peu inégal, mais riche et varié, interactif et original : quittant un Paris défiguré, le visiteur est d’abord invité à traverser la Manche, puis à écouter des extrait sonores sur des bornes au look antique, ou encore à dessiner le paysage depuis les fenêtres du Petit Palais…
Poursuivre la déambulation
Ne quittez pas le Petit Palais sans jeter un œil à la magnifique collection permanente, qui présente (entre autres) des chefs d’œuvre de Courbet, Maurice Denis, et recèle quelques pièces étonnantes, avant de déboucher sur une grandiose galerie de statues.
L’exil est une épreuve douloureuse, mais qui parfois agit comme un catalyseur : il suffit pour s’en convaincre de considérer la profusion de chefs d’œuvres créés par Victor Hugo à Guernesey. Autre exemple, c’est à son retour d’Afrique que Karen Blixen prend la plume et devient romancière : elle écrit ‘Le festin de Babette’, une nouvelle (adaptée au cinéma en 1987), qui raconte la vie d’une jeune servante française exilée en Norvège…suite à la Commune.
Extrait
C’est vrai qu’en allant au Petit Palais on oublie souvent de faire un tour à la collection permanente ! Merci
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