« L’autobus » est une ‘tragi-comédie burlesque’ de l’auteur bulgare Stanislav Stratiev, mise en scène par Laurence Renn Penel, que vous pouvez découvrir au Théâtre 13, à proximité de la bibliothèque François Mitterrand, jusqu’au 11 février. Théâtre de l’absurde, qui certes nous fait rire, mais aussi nous place devant un miroir glaçant, où l’on voit constamment l’égoïsme, l’avidité, la lâcheté l’emporter sur l’intérêt collectif.
L’histoire
Neuf personnes embarquent dans un bus, destination : centre-ville. Jusqu’ici tout va bien sauf que l’on se rend compte que l’autobus ne suit pas l’itinéraire prévu, que le chauffeur n’en fait qu’à sa tête, malgré les multiples interventions des passagers pour le remettre dans le droit chemin. Le véhicule se met d’ailleurs à faire de grandes embardées, projetant tout ce petit monde ‘dans le décor’…
Et je vous laisse découvrir les tenants et les aboutissants, car on n’est pas là pour spoiler.
Pourquoi le voir
Sous son apparence joyeusement foutraque, et férocement drôle, la pièce est évidemment une critique de la société bulgare des années 80, mais elle a encore aujourd’hui une résonnance troublante : alors que le chauffeur (incarnation du pouvoir) a manifestement perdu la raison, les voyageurs (la population), uniquement guidés par leurs intérêts personnels, n’arrivent pas à élaborer une stratégie commune leur permettant d’atteindre leur but. La pièce est menée à un rythme endiablé, chaque nouveau cahot venant interrompre les échanges en cours et recomposer un nouveau tableau, relançant en quelques sorte les dés – un procédé tout de même un peu répétitif à la longue. La mise en scène est particulièrement réussie, et j’ai aimé aussi la diversité des personnages, l’énergie et l’engagement physique des comédiens.
Poursuivre la déambulation
En sortant de ‘L’autobus’ du Théâtre 13, si vous souhaitez poursuivre en bus, je vous invite à rejoindre Saint Lazare par la ligne S avec la relecture d »Exercices de Style’ de Raymond Queneau : une même histoire simple, racontée 99 fois, un texte mythique et parfois hilarant, bien souvent adapté au théâtre.
Si vous préférez rester en Bulgarie, prenez le « Taxi Sofia » de Stephan Komandarev qui vous conduira à fond la caisse dans notre époque, durant des nuits propices aux drames, à l’émotion, et aux aveux.